Pas une émission dans les médias, pas une discussion entre amis ou collègues qui n’abordent le sujet du prix de l’essence ! Passionnés, démagogiques, excessifs, ces débats n’éclairent en rien le problème, mais ils mettent à jour une opposition stérile, non entre écologistes et non écologistes, tout le monde veut un monde meilleur et plus propre, mais entre urbains et campagnards, entre « bobos » et « fachos » ! Les uns crient “vélo métro”, les autres répondent “auto boulot”, chacun étant la sorcière de l’autre dans une sécession manichéenne et rassurante !
Plus sérieusement et loin de cette agitation puérile, il est urgent de se poser la bonne question : quelle est la part réelle du transport routier dans la pollution ?
Dans le cadre de la France et pour les seules particules fines qui seraient les principales responsables des maladies respiratoires et de la réduction de l’espérance de vie, le rapport d’avril 2013 du CITEPA (Centre interprofessionnel technique d’étude de la pollution atmosphérique) nous apprend que le trafic routier est loin d’être le premier émetteur de ces particules fines :
- 1ère position : la transformation d’énergie par l’industrie : 31 %,
- 2ème position : la combustion de bois pour le chauffage : 30 %,
- 3ème position : l’agriculture et l’utilisation d’engrais : 20 %,
et enfin, le transport routier tant décrié pour 15 %.
Pour la défense de nos amis bobos urbains, airparif déclare que ce taux monte à 25 % en agglomération.
Dès lors, à l’aune de ces informations, on peut sincèrement se demander si c’est prendre le problème écologique et la nécessaire transition par le bon bout de la lorgnette ; et l’on peut comprendre que l’augmentation des taxes sur les carburants soit perçue comme une aubaine fiscale pour le gouvernement !
Cette injustice apparaît encore plus flagrante quand, dépassant le cadre national, nous nous intéressons aux transports maritimes internationaux ! Ainsi, nous apprenons, par une étude théorique réalisée en 2009 par un chercheur américain James J. Corbett, qu’une flotte de 16 cargos (ceux qui transportent nos produits de consommations courantes) polluerait autant que tout le parc automobile mondial. En effet, le fioul utilisé par ces porte-conteneurs a une forte teneur en soufre, très nocif et très polluant. Sachant que 60 000 cargos sillonnent chaque jour l’étendue bleue azur de nos mers et océans, cela fait froid dans le dos !!!
Mais la vie est un rapport de force et il est plus facile de taxer le particulier et son véhicule que de grandes et toutes puissantes multinationales !
Et malheureusement, même si ce fioul par miracle pouvait être fortement taxé, nous pouvons penser que le consommateur occidental ralerait et manifesterait sa colère devant l’augmentation du prix de son smartphone made in china et de son jean made in India !
Pour conclure avec un brin de provocation, nous pouvons affirmer qu’il y a quelque chose d’indécent ces derniers jour avec cette surenchère de victimisation et de misérabilisme des automobilistes français, car il ne faut pas oublier que, par exemple, l’objet gilet jaune, symbole de la colère, est fabriqué loin de chez nous par des hommes, des femmes et des enfants qui pour un salaire de misère se tuent la santé dans des usines fortement polluées et polluantes ; ce sont eux les véritables victimes et miséreux du monde !
-un article de Richard Masson