Après le transfert de six réfugiés du Centre d’Accueil et d’Orientation de Confolens vers le centre d’accueil de Poitiers, le 9 octobre 2018, Maëlle Biret s’est emparée de sa plume pour produire un slam engagé en faveur de l’hospitalité et de l’Humanité. Cette ancienne 1L du lycée de Confolens, aujourd’hui en Terminale dans le Gard, nous livre une vision simple et touchante du problème : « Nous voulons simplement vivre comme des êtres humains ».
J’ai décidé d’écrire tout haut ce que je pense tout bas :
On parle d’hommes, de fils, de neveux, de papas,
On parle de réfugiés, de rescapés de l’insécurité.
Qui ont risqué leur vie pour essayer de la sauver.
Quand ils arrivent en Europe, en France, en Italie…
(Bien-sûr s’ils ne sont pas morts sur le trajet par chance
Parce que oui, ils ne viennent pas “chez nous” en vacances
Ils ne sont pas venus en croisière, en sirotant un cocktail
Leur compagnie de voyage c’était plutôt “Accroche toi ou crève.”)
Donc, après avoir survécu à tous ces périls,
Après avoir regardé la mort en face plus d’une fois
Ils se retrouvent seuls et démunis: terre d’exil.
Et nous les montrons du doigt “Sortez de chez moi.”
Ils deviennent des numéros de dossier, des étiquettes;
Une simple affaire de chiffre dont il faut se débarrasser
Mademoiselle l’administration française, belle et coquette,
S’empresse de bien faire son travail, de les ranger, de les cacher.
“Cachons les dans de petites villes de campagne reculée
Faisons passer cela pour une tentative d’intégration,
Qu’on n’en entende plus parler, qu’ils soient discrets !
Le temps de régler quelques papiers, 8 mois disons,
Et nous retournerons les chercher, ils repartiront.”
Et nous tous, qui les avons accueillis du mieux possible,
Nous qui avons pris à cœur de les aider, de les intégrer,
Nous les voyons arrachés à cet espoir naissant de paix
Alors jamais ils ne pourront vivre de façon paisible.
Mais puisqu’ils nous ont aidé, vu ce qu’ils nous ont apporté,
Puisqu’au final on s’est tous un peu attachés,
Nous ne les laisserons pas partir comme ça,
Nous ferons tout pour qu’ils reviennent là.
Laissez moi finir par les paroles d’un mineur gambien de 16 ans, dans un camp de réfugiés à Rome, Morro Saneh: “Nous voulons simplement vivre comme des êtres humains.”
▪ Maëlle Biret ▪