J’ai passé le concours Sciences-Po Bordeaux, le 16 mars 2019. Avec cinq heures de sommeil. Non, ce n’était ni le stress, ni le cauchemar de me voir rendre une page blanche, qui m’ont tenus éveillée. J’avais simplement commis l’erreur peut-être fatale, qui entraverait ma concentration : j’avais tout simplement oublié d’amener mon coussin à l’hôtel. Car oui, pour être le meilleur ou la meilleure compétitrice qui soit, vous devrez vous accoutumer d’un rythme quasi-militaire, vous ne négligerez rien. Et cela, à partir de maintenant. J’ai commis aussi, une erreur encore plus grotesque : penser qu’une année suffirait à “concurrencer” d’autres gens qui ont peut-être bénéficiés de prépas privés. C’était se jeter de la “poudre de perlimpinpin” aux yeux. J’avais aussi cru qu’ une fois les révisions terminées, le pire était passé. Une fois arrivée sur le campus, je suis tout droit allée demander au Monsieur qui avait mis les pieds dans notre lycée (il ne m’avait pas reconnue) dans quelle université devrais-je passer enfermée mes six-heures trente d’épreuves. Il a lu le papier que j’avais imprimé longtemps à l’avance et m’avouait mon échec assuré : “Mais Mademoiselle, ce n’est pas votre convocation !”. Voilà pourquoi tous les vaillants qui combatteront dans l’arène devront sagement écouter leur mentor. Et il n’y a aucune excuse qui vaille.
Le plus longtemps à l’avance, tu te prépareras.
“Oui, mais je ne suis qu’en Première, j’ai des épreuves à passer !” NON, NON, et NON !!! L’épreuve de Sciences-Po, c’est 99 % de méthode et de rigueure argumentative (bon allez, concédons un petit pourcent à ceux qui auraient fait l’impasse à ne pas faire). L’argumentation, c’est justement un des thèmes favoris des professeurs en Première et que les élèves détestent. Pour autant, selon les filières, les élèves ne cultivent pas le même rapport à l’information (particulièrement journalistique). C’est pourquoi, dès que vous le pourrez, harcelez Mme Liaras, Mme Guetarni, M. Baudot, M. Prud’homme et M. Ferré d’organiser des séances en temps limité. Quelque soit la somme de connaissances que vous avez accumulées dans les domaines de l’écologie, de l’Europe, du travail…vous devrez vous familiariser avec les sujets, avec tous types de documents, y compris les graphiques et les chansons. En Première, je me projetais déjà de m’accorder deux ou trois heures le dimanche en Terminale afin d’évaluer le temps que je mettais à trouver les idées, à élaborer un plan… que nenni ! En Terminale, vous serez tellement aspirés à écrire votre CV et vos lettres de motivations (dans lesquels vous soulignerez allègrement que vous aurez passé le concours Sciences-Po), à vous préparer au bac blanc (qui “tombe” justement près d’un mois avant le concours, début février) que préparer des fiches sur la vie politique en France depuis 1945, ça vous passera au-dessus de la tête…et pourtant, vous tentez de passer les portes du pouvoir !
Tes connaissances en histoire, tu étofferas
A ce sujet, je vous conseille fortement de dédier une partie de vacances d’été à feuilleter le manuel “L’épreuve d’Histoire à Sciences-Po” qui en plus de vos cours, est riche en auteurs, en méthodologie (que vous passiez l’épreuve de Sciences-Po Bordeaux, celui de Paris ou des 7IEP). En outre, les Bernstein et Milza (en quatre tomes, de 1900 à nos jours) sont très intéressants pour étoffer votre culture historique. Pour chaque leçon que vous devez apprendre, définissez les bornes chronologiques qui correspondent au chapitre du manuel pour chercher l’information. Il existe aussi le site L’Histoire qui vous éclairera sur les dernières thèses des historiens selon les différents chapitres que vous devez apprendre. Pour ma part, je n’ai accordé que trop peu de temps pour les révisions en histoire à cause des raisons énoncées plus haut. Ceci m’a conduit à réserver une semaine entière avant le concours pour mieux m’y replonger, prendre du recul sur mes notes pour l’épreuve de culture générale.
Pour accumuler des connaissances sur le monde, les médias tu varieras.
La clé de l’épreuve d’actualité réside dans le fait d’être capable d’expliquer un événement précis de l’année (ce qui suppose d’avoir suivi l’actualité très régulièrement) tout en étant capable de prendre du recul et de le placer dans un contexte plus général. Par exemple, si l’année prochaine vous deviez tomber sur le sujet “La Justice en France”, demandez-vous ce qui peut amener le créateur du sujet à choisir ce thème exactement. Vous souvenez-vous d’événements en lien avec ? Par exemple, la crise sociale en France depuis plus de six mois déjà ? La fiscalité, l’impôt ? Les institutions de la Vème République ? Les inégalités homme/femme ? Il peut sembler au départ que votre champ de connaissances soit réduit par rapport au sujet. Mais en fait le sujet est assez transversal, et il serait dommage de se limiter qu’à un axe de réflexion. Le jour J, j’ai pris un risque en changeant ma méthode : j’ai résumé pour chaque document les différents arguments et je me suis tout de suite rendue compte des points communs pour bâtir le plan. Soyez attentifs aussi au fait de pouvoir mettre en relation vos cours d’histoire avec le sujet. Cela fonctionnait très bien je trouve avec le sujet sur “la situation des personnes âgées en France”. Il me semblait évident d’évoquer le système des retraites, et donc, d’expliquer comment s’est mis en place la Sécurité Sociale sous la IVème République. Lisez beaucoup la presse écrite qui est plus précise que ce pouvez trouver à la télévision. Ecoutez aussi des chroniques radio, ne vous limitez pas uniquement à une source. En revanche, prenez quelques notes essentielles. Au fur et à mesure de l’année, j’ai imprimé certains articles au CDI pour garder une trace de ce que j’avais lu, de ce qui me semblait expliquer exactement les enjeux du moment. Je les ai ensuite reparcourus quelques jours avant le concours. Cela vous rassurera beaucoup.
A la lecture hebdomadaire de la presse anglaise, tu t’habitueras.
Avec le recul que j’ai aujourd’hui, je peux affirmer que l’épreuve de langue n’est peut-être pas aussi compliquée que vous le pensez, mais elle nécessite de s’y préparer sérieusement, plus que l’épreuve d’actualité à mon goût. J’ai acheté le manuel “Tout l’anglais pour réussir Sciences Po et les concours d’anglais par Pierre-Yves Coudert et Christel Diehl” pour apprendre du nouveau lexique.
Au vu de l’actualité, les thèmes essentiels qui reviennent sans arrêt sont : les migrations, la mondialisation, l’U.E., le Brexit, la place et le rôle de la femme dans la société, le développement durable. Il est admirable de s’exprimer non seulement avec les mots justes mais aussi en formulant son idée correctement. Ce n’est pas une longue dissertation que l’on vous demande de faire, mais en soi, la démarche pour l’épreuve écrite est la même. Ce qui importe le plus, c’est donc de s’entraîner régulièrement pour utiliser les bonnes tournures, ne pas faire de faute de syntaxe plus que d’apprendre uniquement le vocabulaire. Pour ce faire, je vous conseille comme pour l’épreuve d’actualité d’imprimer des articles que vous jugez intéressant du point de vue de l’idée développée, des arguments donnés pour que vous puissiez bien vous les approprier pour que vous puissiez y revenir dessus. Le sujet de 2019 “Europe, please wake up” par exemple, permettait de croiser les notions de Guerre Froide, de l’émergence de l’extrême droite, de l’échec des partis traditionnels, du Brexit, de la politique européenne, des traités…
“Cette guerre est [votre] guerre, elle est à [votre] image et [vous] la [méritez]” (Jean-Paul Sartre) alors OSEZ !!